C'est à la rue du Mont, à l'endroit même où la 87ème division d'infanterie de l'armée américaine est entrée dans Saint-Hubert, en janvier 1945, qu' Olivier Gillard a installé son musée. La guerre, les collections, les histoires mlilitaires, les fouilles, Olivier est tombé dedans dès l'âge de 8 ans. A l'époque, c'était déjà une histoire de famille: son grand-père (Jules Gillard), son père (Michel) et ses deux oncles (Léon et René) étaient également des passionnés de la guerre 40 - 45 et plus précisement de la libération de la région par la "87th Infantry Division". Jules Gillard avait déjà, quant à lui, reçu un pilote canadien qui s'était écrasé avec son avion dans les bois de Freux.
Le musée, situé au numéro 81 de la rue du Mont à Saint-Hubert, est ouvert du 01 juillet au 28 juillet et du 05 Août au 31 Août de 14h à 17h. Vous pourrez y découvrir une impressionnante collection d'objets en tout genre, des documents et photos , des reconstitutions d'époque et tout cela dans un cadre très bien structuré et de surcroit bien sympathique !
Le prix d'entrée est fixé à 3 euros pour les plus de 12 ans.
Pour tous renseignements, vous pouvez contacter Olivier Gillard au numéro:
0475 / 44 78 67.
Dans la suite de cet article, vous découvrirez l'interview de ce passionné accompagné de sa fille Cassandra.
Voir également un album photo pour vous mettre l'eau à la bouche.
Olivier, quand avez-vous décidé de mettre en oeuvre l'installation de ce musée ?
OG: Dès l'age de dix ans, j'avais déja ma petite collection que je faisais visiter à la famille ou à mes copains de classe. En ce qui concerne le musée proprement dit, c'est une promesse que j'ai fait à un vétéran de la 87ème division que j'ai connu en 1996.
Le nom du musée évoque la 87ème, pouvez-vous nous en dire plus ?
OG:La 87ème compagnie d'infanterie de l'armée américaine est une division qui a été appelée en renfort dans les derniers moments et qui a procédé à la libération de la région qui était aux mains des Allemands. Saint-Hubert n'a pas connu de gros combats, les villages de Vesqueville et Hatrival ont été cependant copieusement bombardés mais le gros des combats a eu lieu dans la région de Bonnerue.
Qui était ce soldat à qui vous avez fait la promesse de construire un musée ?
OG: En 1996, j'ai fait la rencontre d'un vétéran de la 87 ème appelé John Mac Auliffe (petit cousin du Mac Auliffe de Bastogne !) et habitant dans le Massachussetts (USA). Et là, suite à notre discussion, je lui ai fait la promesse de maintenir le souvenir et de faire un petit musée avec toutes les pièces de ma collection. J'ai toujours des contacts réguliers avec lui et il m'a encore, pas plus tard que la semaine dernière, envoyer la plaque d'immatriculation de sa voiture. Je dois avouer qu'il m'a beaucoup aidé dans la mise en place du musée.
Avez-vous régulièrement des visiteurs américains ?
OG: Bien sûr ! Pas plus tard que dimanche, nous avons encore accueillis la fille d'un vétéran du 912 ème d'artillerie (qui était l'artillerie du 87ème). La dame nous a raconté que son papa était observateur et qu'il serait monté dans les tours de la Basilique pour regarder aux jumelles afin d'observer les alentours de Saint-Hubert.
Pouvez-vous nous expliquez d'où provient l'énorme moteur qui se trouve dans le musée ?
OG: C'est un moteur d'avion Halifax que j'ai récupéré chez un ferrailleur qui lui même avait récupéré la pièce à Champlon. Il s'agit probablement d'un avion qui se serait écrasé dans cette région mais je n'ai pas encore eu le temps de faire des recherches plus poussées.
Dans les autres pièces de collection du musée, quelle est pour vous la plus spéciale ?
OG: Toutes ! Elles ont toutes une histoire mais si je devais en choisir une, je choisirais une pièce que je n'ai plus ! C'est la médaille que j'avais retrouvé sur les lieux du crash de l'Halifax et que j'ai remis à la famille d'un soldat lors de l'inauguration de la stèle commémorative au lieu dit "Ry Belle Rose".
Cependant, une autre pièce est également interpellante. Il s'agit d'une balle que j'ai retrouvé dans les bois de Bonnerue et que le soldat américain (qui s'occupait d'un obisier de 105mm) avait gravé du nom de ses enfants et de sa femme.
Où trouve t-on des momunents ou autres faisant état du passage de la 87ème ?
OG: On en trouve un aux Rouges Fosses à Vesqueville dont je fais toujours l'entretien. Il fut installé par mon grand père en 1954, soit 10 ans après la bataille des Ardennes. On en trouve un second sur le route de Freux mais qui lui reste à rénover. On trouve également une plaque commémorative sur l'Hôtel de ville.
On évoque régulièrement une polémique sur le fait de savoir si Saint-Hubert a été libérée par les Américains ou par les Français. Quel est votre avis ?
OG: Il est vrai que l'on en parle beaucoup ! Cependant, j'ai eu la confirmation d'un vétéran (Bob Welch) qu'il est vrai que les SAS français étaient entrés dans Saint-Hubert avant les américains. Il s'agissait d'observateurs qui, suivant le témoignage du vétéran, sortaient de l'Hôtel de l'Abbaye. On peut donc en conclure qu'il y avait bien des éclaireurs français dans Saint-Hubert avant l'arrivée des Américains mais que les combats pour libérer Saint-Hubert ont été menés par le 87ème ! On peut encore aujourd'hui voir une trace des mitraillages réalisés par les américains sur la porte d'une des premières maisons de la rue Redouté ! (voir la photo).
Comment vous organisez-vous pour concilier votre activité professionnelle (maçon chez Hons) et la gestion du musée ? Visiblement, l'histoire de famille continue ?
OG: En semaine, c'est ma fille Cassandra (15 ans) qui tient le musée. Le week-end, je prends le relais. J'en suis fière, c'est la quatrième génération qui prend le relais !
Cassandra, le musée, une ébauche de passion ou simplement pour faire plaisir à papa ?
CG: Les deux, certainement pour lui rendre service et lui faire plaisir mais je pense poursuivre l'activité du musée dans le futur.
Olivier, on peut également voir toute une série de carnets manuscrits, d'où viennent ces carnets ?
OG: Ce sont les archives de guerre de mon grand-père mais également ses mémoires où il a noté, commenté, des centaines d'informations et d'illustrations.
A votre avis, combien de visiteurs avez-vous accueillis jusqu'à présent ?
OG /CG: On dirait entre 3 et 4 mille personnes.
Si vous deviez trouvez une particularité à votre musée ?
OG: Il est vivant, on est présent pour raconter, expliquer l'histoire de chaque pièce. C'est un vrai partage avec les visiteurs. Parfois, j'ai tellement parlé que je n'ai plus de voix ! C'est un musée que j'ai fait avec mes tripes !
Moralité :
Il est toujours exceptionnel de rencontrer des passionnés mais il est encore plus exceptionnel de leur faire évoquer leur passion !
Par contre, il est effrayant de se rendre compte que l'on dispose à Saint-Hubert d'un tel musée de qualité et que celui-ci soit si peu reconnu et si peu connu. On sait tous qu'il existe...mais qui a déj fait le pas d'aller le visiter ? A bon entendeur ...