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Documents exceptionnels !

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le jeu de st hub.pngAvant de nous intéresser au spectacle historique "Saint-Hubert, histoire et légende" qui aura lieu le dimanche 1er septembre sur la place de l'Abbaye, revenons aux débuts et à la création de ces jours de fêtes à Saint-Hubert.

C'est Emile PECHEUR qui nous transmet ces fabuleux documents reprenant les prémices du Cortège historique !

Intitulé  "Lu djeû du Sint Yubèrt", créé par Prosper Chalon et mis en scène par Billy Fasbender, le spectacle eu lieu les 1er et 2 août 1953.

Découvrez-en l'histoire ci-dessous !

Prosper Chalon est né comme moi, au Borq en 1921. Comme Achille plongé dans le Styx par sa mère, Prosper fut plongé dans le saint Hubert par ses parents, mais surtout par sa mère. J’ai fréquenté l’école et le catéchisme avec lui et déjà, il se montrait intarissable sur le sujet.

Après ses primaires, il suivit les cours du petit séminaire de Bastogne puis du grand à Namur. Ordonné prêtre le jour de la Pentecôte 1944, il dessina lui-même le souvenir de son ordination. Autour de ses trente ans, il écrivit trois opuscules sur saint Hubert, sur les bâtiments abbatiaux et surtout sur la basilique. L’écriture du jeu de saint Hubert vint un peu plus tard et il en dessina le grand décor qui serait érigé devant la façade de la basilique.

Je présume que le jour où il devint curé à Vesqueville il parla longuement de ses écrits au doyen Dessoy. Le doyen présenta l’ensemble du projet au syndicat d’initiative, au conseil communal et après quelques réunions et discussions ils décidèrent à l’unanimité de la faisabilité du projet. On forma des comités comme jamais on n’en n’avait vu au Borq et l’aventure commença. Le jeu de saint Hubert fut rendu possible grâce à toutes les forces vives du Borq et à la collaboration des villages voisins, Arville, Vesqueville, Libin, Hatrival, Champlon, Cens...  Billy Fasbender, du théâtre national que Prosper connaissait bien fut choisi comme metteur en scène. Il amena dans ses bagages une dizaine d’acteurs des Compagnons de Saint-Lambert. 

On convoqua tous ceux qui étaient tentés par l’aventure et la première réunion se déroula dans la salle de gymnastique de l’école des Frères. Les acteurs amateurs prirent le nom de Compagnons du jeu de saint Hubert. Billy Fasbender nous annonça alors que les rôles principaux seraient tenus par les Compagnons de saint Lambert. Cela commençait fort...Confier les beaux rôles à des non-Borquins. Nos acteurs de la dramatique locale auraient pourtant pu tenir ces rôles mis à part celui d’Astaroth. Quand Fasbender retira le rôle de l’évêque Lambert de Maestricht à Lucien Stoz, le meilleur de notre dramatique, pour le donner à son oncle, Albert Fasbender, Lucien décida de rester chez lui malgré la diplomatie insistante du Doyen et des autorités. Aujourd’hui nous aurions sans doute fait bloc autour de Lucien, menacé de laisser tomber, mais à l’époque on était paisibles comme des agneaux.

Fabender amena aussi des Compagnes de saint Lambert, dont le seul apport consistait à porter de jolies robes, à se laisser maquiller et à se dandiner en agitant un éventail. Il ne manquait pas de jolies filles au Borq capables de réaliser cette performance scénique, mais elles furent écartées. Les CSL répétaient ensemble sans les Borquins, et les semaines précédant le spectacle, ils vinrent tous s’installer dans un hôtel du Borq aux frais de la commune. Les rôles d’enfants furent tout de même confiés à des enfants du Borq et des alentours.

On répétait donc dans la salle de gymnastique des Frères, morceau par morceau. Il y avait trois grandes parties: le chasseur élu, l’apôtre sacrifié et le protecteur séculaire. En ce qui me concerne j’apparaissais dans le premier tableau, dans le rôle d’Hermanfroid, maître d’armes du jeune Hubert joué par Benoît Patar. Nous exécutions quelques passes d’armes à l’épée et au javelot en poussant des cris de guerre sensés être d’époque...Je les ais oubliés. Pour le reste je me contentais de suivre le jeune Hubert partout. On m’avait revêtu d’une peau de cerf, mais pour éviter le froid j’avais mis  un pull épais de la même couleur et des collants couleur chair. J’étais affublé de longs cheveux comme un zazou (ça me changeait) d’une grande moustache et d’une barbe qui me faisait ressembler à un homme des bois. Pour m’achever on me coiffa d’un casque à cornes. J’étais si coquet que des CSL féminines se firent prendre en photo avec moi, Hermanfroid par ci, Hermanfroid par là, le succès me grisait.

Pourquoi répétions-nous par petits morceaux. Le jeu comptait deux cent cinquante acteurs et figurants, comment faire autrement? Considérons la confrontation entre les diables et les anges, impossible de les envoyer sur scène sans chorégraphier la bataille, les mouvements des groupes comme la descente aux enfers des diables ou la montée au paradis des anges. Vous ne pouviez laisser les cavaliers faire ce que bon leur semblait, vous ne pouviez laisser les conducteurs de chevaux et de chariots évoluer sans leur faire répéter leur parcours à pieds, leur expliquer le sens du trajet qui traversait la place de l’abbaye, venant du marché et sortant par la rue du parc. Vous ne pouviez laisser les gamins, compagnons d’Hubert sans leur apprendre à danser, à jouer. Même les femmes qui avaient des apparitions très simples demandaient néanmoins des mises en scènes particulières. Et l’ange de l’Ardenne, seul au sommet du décor avait lui aussi besoin de directives...

Les soirées de répétitions étaient souvent laborieuses, mais d’autres étaient particulièrement hilarantes. Le meilleur moment fut sans doute quand les deux Popol, Gillard et Titeux, se mirent dans la peau de leurs personnages, deux malades atteints de la rage. Ils se débattaient, se tordaient, poussaient des cris ressemblant à des aboiements de chiens enragés, la bave leur sortait de la bouche grâce à du dentifrice, mais ils étaient incroyable de véracité, de vrais détraqués...Le jour de la représentation on sentit un frémissement d’effroi dans les spectateurs devant la vraie performance d’acteur.

Petit à petit les jours du spectacles approchaient, les menuisiers du Bork, travaillant ensemble, bâtissaient le monumental décor et les scènes dessinées par Prosper. Les gradins furent dressés par la section pontage de l’école du génie de Namur sous les ordres du lieutenant Chalon, professeur à cette école et frère de Prosper. Les costumes loués arrivèrent, on les essaya dans la salle de gymnastique, c’étaient les grandes vacances et elle était  libre. Mais beaucoup d’autres costumes ont été dessinés, coupés et cousus par les femmes du Borq. Les animaux  qui feront partie du spectacle ont été sélectionnés et dressés par le forestier Dessoy et ses hommes.

Nous commençons à répéter avec les compagnons de saint Lambert, cela se passe bien. Nous sommes un peu stressés de jouer avec des professionnels, mais on s’y fait...Astaroth nous épate par la maîtrise de sa voix et de son jeu.

Le grand jour arrive. On s’habille à la maison ou dans le fond de la basilique, dans la pièce ou pendent les cordes des cloches. C’est là aussi que les maquilleuses exercent leur art. En ce qui me concerne je revêts la peau de cerf, le pull et les collants à la maison et je dissimule le tout sous une gabardine pour rejoindre la basilique où l’on parachève le travail avec une perruque, des poils et du maquillage. Le jeune Hubert, Benoît Patar et moi entrons en scène après un long prélude des chœurs et de l’orchestre de RTL. Nous sommes accompagnés par les jeunes camarades d’Hubert qui simulent des jeux de l’époque sous ma surveillance avant de rejoindre ensemble la cour de Bertrand d’Aquitaine. La suite se fit sans nous, une prestation courte mais bonne. En quittant la scène nous rejoignons la sonnerie de la basilique et nous tombons sur deux compagnons et compagnes de Saint-Lambert engagés dans un flirt poussé. C’est à cet instant que j’ai compris que les artistes étaient surtout venus passer des vacances aux frais de la commune. L’été en Ardenne. Tandis que les bénévoles borquins jouaient eux, pour la gloire du saint patron de la chasse et de l’Ardenne.

Depuis 1927 et les quinze jours de fêtes du douzième centenaire de la mort de saint Hubert, on n’avait plus vu autant d’autorités civiles et religieuses au Borq, ni autant de visiteurs dans la ville et sur les gradins. Après ces deux journées, du premier et du deux août 1953, tous les Borquins relevèrent la tête de bonheur, ils avaient réalisé quelque chose de beau et de grand. Tous les acteurs furent invités à l’hôtel de ville pour être remerciés et prendre le verre de l’amitié. Je n’oublierai jamais le regard complice de Billy Fasbender à Astaroth quand l’avocat Mignolet dans son discours, sous-entendit que l’expérience serait renouvelée l’année suivante. Pour les CSL cela signifiait une bonne partie de leur programme annuel assuré.

C’est à cette réunion que j’ai réuni les quelques autographes reproduits ici, à commencer par Prosper. A celui qui a le cœur bon et le bras fort, Hermanfroid, mon cher condisciple d’autrefois. P. Chalon. Les compagnons de saint Lambert ne me reconnaissait pas. J’avais un certain succès poilu comme un singe, mais en civil je passais inaperçu. Ils m’accordèrent quand même une dizaine de petites phrases qui me firent plaisir.

Donc toute la ville est contente et heureuse, mais à la commune cela ne va pas durer. Quand le bourgmestre et les échevins virent arriver les factures des participants étrangers au Borq, ils déchantèrent. L’armée et le génie, les chœurs et l’orchestre de RTL, la chorale de Dinant, l’école de musique de Esch-sur-Alzette, les solistes, les compagnons de saint Lambert, la location des costumes...et j’en passe, firent sauter les caisses de la commune. On mit un certain temps pour rembourser les emprunts bancaires et la conclusion fut que c’était bon pour une fois...

 

Encore plus exceptionnel, la copie de la mise en scène, de la réalisation, le plan du décor et les dédicaces dont Emile parle ci-dessus.

A lire !!!

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Merci à Emile Pècheur pour ces fabuleux documents !

 

 

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