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Ki cé cé ki, il s'agissait bien d'Arsène Vaillant !

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1947-Vaillant White.jpgIl a marqué la mémoire de plusieurs générations de sportifs et de téléspectateurs. Arsène Vaillant, le bien nommé, gentleman des terrains de foot d’abord, du petit écran ensuite, nous a quitté discrètement le 30 avril 2007. Il fut l’une des icônes médiatiques d’une époque que les moins de 30 ans n’ont pas connue. Cette époque encore plus reculée où les joueurs du Sporting d’Anderlecht n’avaient même pas de contrat. «On jouait à la prime de match et on gagnait 300 francs belges par entraînement», racontait-il. «J’étais tout fier de disposer de deux tenues complètes. Je n’avais jamais vu cela.

 

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Dans mon club précédent, le White Star, quand j’avais besoin de lacets pour mes chaussures de foot, je devais d’abord rendre les anciens». Ex-diable rouge, Arsène Vaillant fit aussi partie d’une équipe nationale qui écrasa les Hollandais par un cinglant 7-2! Impossible à imaginer aujourd’hui. C’était en 1950. Il y a une éternité... Avec sa plume, puis derrière son micro, il commenta des décennies de matchs de foot, de compétitions de ski et de patinage artistique et même sept Tours de France.

 

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Bravo à Pierre, Dany et Emile qui ont très vite découvert le personnage de ce mercredi !

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1245.jpgComme tout Ardennais et surtout comme tout Borquin qui se respecte, et bien qu’il ait émigré très jeune vers la Région bruxelloise, Arsène Vaillant avait un caractère bien trempé. Il savait ce qu’il voulait et force est de constater qu’il l’a toujours obtenu. Dès l’âge de 16 ans, en 1939, ce magicien du ballon rond né à Saint-Hubert entame une brillante carrière de footballeur en division d’honneur belge, la division 1 de l’époque. «J’ai disputé mon premier match comme titulaire au White Star lors d’un tournoi organisé à Verviers. Nous avions battu les Hollandais de Go Ahead Deventer par 3-0. J’avais marqué les trois buts. Mais, à ce moment, j’ai du faire un choix, parce que j’étais aussi doué pour le basket. J’avais déjà reçu une première convocation pour jouer en équipe nationale», aimait-il à se souvenir.


Ce qui faisait le foot d’alors semble si loin. «Comme tous les jeunes, j’avais besoin d’argent et j’ai signé un contrat d’indépendant,comme on disait à l’époque.A partir du moment où on signait, on pouvait espérer des primes de 250 à 500 francs belges.A 16ans, je me retrouvais certains mois avec plus de 1 000 francs belges ! J’avais donc beaucoup de copains...Vous savez, cette somme n’était pas si dérisoire car, à ce moment, le salaire moyen d’un employé était de 1500 francs». Beaucoup de buts ont été marqué depuis lors... Aujourd’hui, personne ne songerait un instant à comparer l’incomparable, c’est-à-dire le salaire d’un employé et d’un joueur de foot professionnel.

 

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Alors qu’il est titulaire au White, l’ancêtre de l’actuel Brussels, la guerre éclate.Arsène et ses coéquipiers de l’époque connaîtront les joies d’un championnat remanié et parfois risqué. «Quand on partait pour jouer à Liège, on n’était pas certain de revenir le jour-même. Pas de voiture ou de car à cette époque. On dépendait du train, et comme les lignes étaient régulièrement bombardées, on revenait parfois le lundi soir». Arsène verra partir un autre train durant cette période de malheur. Celui qui déporta son père vers l’Allemagne.


Après la Guerre, le voici sous la vareuse des Diables Rouges lors du premier France-Belgique suivant la Libération. Il jouera douze fois en équipe nationale et notamment ce Belgique-Hollande du 12 novembre 1950 gagné sur le score fleuve de 7-2. On vous le disait, c’était une autre époque.Celle des Mermans,Meert,Anoul, Sermon... Quelque temps auparavant,Arsène avait quitté le White sur un dernier coup de tête... bien ardennais. C’était en 1947. Après une dispute d’anthologie avec le président du club bruxellois, il s’était fait dire qu’on ne le reverrait plus jamais sur un terrain de foot. Promesse tenue... Mais pendant un an à peine.


En 1948, Albert Roosens, le président du Sporting d’Anderlecht, vient repêcher la tête brûlée. «Mon premier ébahissement allait suivre», expliquait Arsène. «Au White,quand j’avais besoin de lacets, il fallait que je rende les anciens. A Anderlecht, je suis entré dans une énorme salle où on m’a fait choisir tout un équipement en double, des paires de spikes, des baskets pour aller courir dans le parc. Je n’avais jamais vu cela ». Tout était à l’avenant. Les entraînements, notamment,qui n’avait rien à voir avec le travail d’horloger suisse mené aujourd’hui par des Vercauteren et autres Broos entourés de multiples assistants. «Mon premier entraîneur s’appelait Schmidt, il sortait de l’armée des Indes. Au point de vue tactique, il ne connaissait strictement rien, mais il avait le don de faire sortir les tripes de ses joueurs. Un prof d’éducation physique verrait ses entraînements à l’heure actuelle, il le mettrait tout de suite dans un asile. Pour lui, une seule chose comptait : aller vite.Après un match, il avait comme consigne de réhydrater : il fallait boire, boire et encore boire. A l’entraînement du mardi, il disait : « Maintenant, toute la bière doit sortir !...».


Au Sporting aussi, Arsène, engagé comme avant-centre, fera une belle carrière... à l’arrière gauche. Foulant des pelouses belges mais aussi internationales comme celle des prestigieux clubs anglais d’Arsenal et Liverpool. C’était le temps d’une équipe d’Anderlecht qui n’existera sans doute plus jamais, composée qu’elle était de neuf internationaux belges.


Des stars ? Oui, bien sûr. Car en ces heures glorieuses, les stades étaient pleins chaque semaine comme des oeufs. Mais l’ambiance restait bon enfant et les joueurs de foot pro étaient encore des gens comme les autres. Pas beaucoup plus riches que la moyenne. «On jouait à la prime, on n’avait même pas de contrat, on avait aussi 300 francs belges par entraînement (trois fois par semaine), et, en fonction du classement, on avait droit à un supplément : 1 500 francs la victoire, 1 000 pour un match nul et 750 francs pour une défaite. Si on était champion, on retouchait une seconde fois toutes les primes de l’année. Mermans avait sans doute un tarif préférentiel mais, à part lui, tout le monde était logé à la même enseigne».


Plus encore alors qu’aujourd’hui, les divas du ballon rond devaient préparer l’après-foot. Mais Arsène avait la tête sur les épaules et, dès 1946, en parallèle de sa carrière de sportif de haut niveau, il entame une carrière de journaliste. Dans la presse écrite d’abord. Au défunt «Peuple», puis à «Sportclub».Un peu en France aussi, en radio, pour Europe 1 au tout début des années 1950. «On me demandait de faire un petit billet sur le football belge depuis un petit studio à Bruxelles. C’est là que j’ai notamment fait la connaissance de Jacques Brel qui grattait la guitare et courait le cachet». C’est là aussi que l'I.N.R., l'ancêtre de la RTBF, le débauche en 1954. Et le voilà lancé dans le bain de la première émission sportive télé de la chaîne publique. Un peu malgré lui : «La télé., je n’aimais pas. Elle me faisait peur. Mais j’avais 32 ans et ma carrière sportive était derrière moi. Je souffrais des adducteurs. A l’époque, c’était encore considéré comme un mal inguérissable», confiera-t-il plus tard.


Lors de ses débuts en télé, Arsène Vaillant partage l’antenne avec deux autres petits nouveaux qui iront loin; deux chers disparus, eux aussi Théo Mathy et Sélim Sasson. «La télé était sous la direction d’un type qui ne croyait pas du tout à son avenir. Ceux qui y travaillaient étaient censés être des ratés qui ne trouveraient pas de place ailleurs. Les choses ont bien changé ensuite», témoignait ironiquement le gentleman Vaillant. De ce temps-là, pas de faisceau hertzien, pas de direct, pas même de cassettes vidéo. «On passait le dimanche soir à 22 heures. Plus tôt, ce n’était pas possible. On travaillait en film et il fallait développer des 35mm,ce qui durait une ou deux heures...A l’époque, on avait des petites bobines et souvent, quand l’opérateur rechargeait, on manquait un but ».


Dès cette époque et jusqu’au bout, Arsène n’a jamais eu la grosse tête : «Quand je suis sorti de ma première émission, j’étais totalement convaincu que j’avais été mauvais et qu’on ne me demanderait jamais plus de passer...». Mauvais pronostic ! Sa carrière télé durera plus de trente ans. Impossible évidemment de toute la raconter mais lorsqu’il était interrogé sur celle-ci, il avait bien sûr quelques anectodes. Par exemple, celle relative à la première Coupe du monde qu’il eut à commenter pour la télévision belge en 1962 : «La compétition se disputait au Chili. A l’époque, nous ne bénéficiions pas de retransmissions par satellite. Conclusion : pas de direct possible. Ma mission consistait à commenter les résumés des matches depuis Bruxelles. En fonction des horaires des avions, des bobines de films étaient expédiées, soit à Londres, soit à Francfort. Elles étaient développées et montées là-bas. Nous, on découvrait les images à l’antenne, exactement en même temps que les téléspectateurs. C’était l’époque du noir et blanc. En plus, nous disposions de très peu de renseignements sur les équipes. On commentait donc vaille que vaille, sans toujours bien reconnaître les joueurs dont on parlait ! ».


Bien avant qu’il ne devienne l’une des icônes les plus aimées de la lucarne belge, Arsène Vaillant a pu côtoyer de nombreux sportifs de très haut niveau, comme par exemple le coureur cycliste italien Fausto Coppi, qui fut l’un de ses véritables amis. On lui prêtait d’ailleurs beaucoup en amitié : durant toute sa carrière, Arsène fut suspecté de «partialité» en faveur du Sporting d’Anderlecht. A tel point qu’un jour, il décida de ne plus se rendre à Sclessin pour commenter les matches du Standard de Liège. Il est vrai qu’il y avait été frappé dans le dos par un supporter! «Je n’ai jamais nié ma sympathie pour les Mauves», avouait-il. Tout en affirmant que «celui qui aime bien, châtie bien. Dans mes commentaires, j’ai parfois été plus sévère pour Anderlecht que pour d’autres clubs».


Parallèlement à la télé, Arsène Vaillant a toujours continué à pratiquer plusieurs sports. Bien après sa retraire, il jouait encore au tennis à l’European Club de Woluwe-Saint-Lambert avec ses potes (Roger Laboureur, Michel de Ville, Michel Lecomte et Maurice Loiseau). A 70 ans, on l’a encore vu enfiler un maillot de foot pour soutenir le Télévie et, ces dernières années, il s’était rabattu sur un sport moins exigeant mais qui lui permettait tout de même d’entretenir sa condition physique : le golf. Par contre, depuis longtemps, il ne mettait plus les pieds dans un stade de foot belge pour assister aux compétitions de division 1 ou aux matches des Diables Rouges.

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Il y a quelques années, il nous en avait expliqué les raisons lors d’une rencontre où il évoquait ce qui fut le moment le plus difficile à vivre de sa longue carrière de commentateur sportif : la tragédie du Heysel, 39 morts le 29 mai 1985, lors de la finale de la Coupe des clubs champions qui avait vu s’affronter les Italiens de Juventus et les Anglais de Liverpool.


–Arsène, avez-vous gardé un souvenir précis de ce tragique 29 mai1985?


–Certainement. C’est une soirée qui a marqué, non pas ma carrière, mais ma vie. Dès 18 heures 15, on sentait déjà que quelque chose allait se passer. Ca s’agitait beaucoup trop du côté des Anglais. Puis, vers 19 heures 10, il y eut la charge des hooligans. Roger Laboureur était à mes côtés. De là où nous étions, on ne voyait qu’un mouvement de foule; une pointe qui s’enfonçait dans le bloc Z. Mais on était encore à cent lieues de mesurer la gravité de l’événement. Notre assistant Christian Provnier est descendu voir ce qui se passait près du gradin. Il est revenu en nous disant qu’il y avait un mort. Ensuite, Laboureur et Provnier ont fait plusieurs fois la navette entre l’extérieur du stade où furent évacués les cadavres et la cabine de commentateur. C’est alors qu’a commencé le décompte macabre : on apprit qu’il y avait cinq morts, puis dix, puis le double... A 21 heures, quand a commencé le match, on savait déjà qu’il y avait plus de trente morts. Les joueurs aussi d’ailleurs...


–Fallait-il encore jouer au football après ce drame?


 C’est une certitude. Il était impossible d’annoncer à des supporters qui venaient de si loin qu’on allait annuler le match. On aurait dû leur dire pourquoi ! S’ils avaient appris qu’il y avait des morts, c’était la guerre. (...)


 Etait-il cependant nécessaire de diffuser les images du match sur la R.t.b.f.?


 Ça, j’en sais rien ! C’était à la direction de prendre la décision.Moi,j’ai fait mon boulot. On m’a laissé l’antenne. J’étais bien obligé d’assurer.


–Vous avez gardé le souvenir de vos commentaires?


–Non, pas du tout. J’étais dans un état d’excitation extrême. Je sais que j’ai parlé sans discontinuer pendant trois heures d’affilée. A vrai dire, je n’ai jamais cherché à revoir le reportage... Pour le match, en tous cas, je me souviens de m’être contenté du strict minimum : je prononçais le nom des joueurs, sans plus.


 Que pensez-vous de ce qui fut leur attitude?


–Pour les raisons déjà énoncées, ils étaient obligés de jouer. Par contre, j’ai été particulièrement déçu par l’attitude de Platini lorsqu’il a marqué.


 Après, vous avez encore vu le foot de la même manière?


 Vraiment pas, non. J’ai terminé ma carrière en n’ayant plus le même attrait pour ce sport. Aujourd’hui, pour moi, le foot, c’est terminé. Cela fait sept ou huit ans que je n’ai plus mis les pieds dans un stade.


–A ce point-là? Le foot, c’est toute votre vie...


 Cela vous étonne, mais je ne suis pas le seul ancien joueur à ne plus fréquenter les stades. Ce n’est plus le même esprit qu’auparavant. On jouait pour gagner ; aujourd’hui, on joue très souvent pour ne pas perdre et puis, on ne respecte plus le règlement : voyez comme on joue des bras et comme on tire les maillots. En plus, trois événements m’ont encouragé à me distancer de l’univers du football professionnel. D’abord, l’affaire de corruption du Standard en 1985. Cela m’a fait beaucoup réfléchir. Je me suis rendu compte qu’il y avait déjà eu des choses pas très catholiques dans d’autres matches à cette époque. Dès ce moment, je ne faisais plus les commentaires du championnat de Belgique avec le même entrain. J’avais à la fois l’impression d’être cocu et de mentir aux gens. Ensuite, il y a eu le Heysel. Et puis le coup de grâce est tombé lors de la finale de la Coupe de l’U.e.f.a.,Tottenham-Anderlecht en 1986. Un supporter britannique avait été tué dans un café lors du match aller en Belgique.A Londres, pour éviter d’être égorgés, mon confrère flamand Rik De Sadeleer et moi avons dû être entourés d’un véritable cordon de policiers. Là, je me suis dit que ce n’était vraiment pas cela le foot. Je n’ai pas renié ce sport en tant que tel,mais tout ce qui est autour m’en écarte. L’argent prend trop de place, les enjeux sont dénaturés, la fête est finie.

 

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Source: Wiki, Sud presse et Blog Saint-Hubert

 


 

 

 

 

 

 

 

 

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