Avez-vous déjà fait attention à la manière dont les jours rallongeaient ? Sans trop entrer dans les détails de cette mécanique céleste, une fois la Noël passée le lever du soleil reste fixe jusqu’à l’épiphanie et le coucher gagne en moyenne sa petite minute chaque jour. Si je fais une plongée dans les siècles passés voire les millénaires, l’homme observait au quotidien la mutation de l’ombre de pierres verticales et allongées. En dégrossissant l’outil et ses applications, nos ancêtres imaginent le cadran solaire, le gnomon et l’obélisque afin de mesurer le temps qui s’écoule chaque jour mais aussi sur une année. Le soleil dans ces temps reculés était une divinité d’où en fonction de points remarquables de son cycle des fêtes étaient instaurées. Evidemment les rayonnements solaires et leurs implications sur le terrain différent selon la latitude terrestre d’où certains rituels nous sont propres et d’autres moins ou pas du tout.

Si aujourd’hui je répète l’expérience du gnomon et de l’obélisque avec un poteau métallique ou en béton, planté sur une surface plane bien dégagée, je constaterai si bien entendu il y a assez de soleil qu’à partir du 27 décembre, jour de la Saint-Jean le jour croit seulement par l’après midi. Le 7 janvier le soleil se lève pour la première fois une bonne poignée de secondes plus tôt. Ainsi sur trois jours il grappille sa minute le matin. Ce bénéfice diurne gonfle lentement mais surement. Le 15 janvier nous avons gagné une demi-heure de clarté avec 25 minutes sur le coucher et 5 minutes pour le lever. Ainsi le gain du matin rattrape son retard pour égaler celui du soir, tous deux toujours croissants. Cet équilibre est atteint début février d’où notre Chandeleur ainsi que la fête Celte de Imbolc mais aussi la Sainte-Agathe dans notre basilique. Le constat est que l’ombre du piquet à midi, c'est-à-dire exactement à la moitié de la période diurne, garde toujours la même orientation durant deux bonnes semaines puisque l’accroissement aux deux bouts du jour est égal. Par contre la longueur de l’ombre diminue car le soleil monte à chaque tour un peu plus haut dans le ciel et donc décrit une courbe plus longue ce qui le rend plus présent.

En 2021 l’équinoxe de printemps tombe le 20 mars à 10h37. L’équinoxe est le moment exact où les rayons du soleil sont perpendiculaires au sol à l’équateur. Sous cette latitude cela signifie que la durée de la journée est égale à celle de la nuit. Pour nous en Ardenne il y a toujours un léger décalage. Cette année lever 6h40 et coucher 18h51 donc 12h11 de durée du jour. L’équilibre jour/nuit pour nous est atteint plus tôt, le 17 mars jour de la Saint-Patrick.

Une fois dans le printemps l’accroissement du jour va lentement ralentir par le matin qui convertit plus de temps nocturne en diurne que l’après-midi ne le fait. Ainsi le 1 mai le recul de l’aube au quotidien équivaut à nouveau à l’avancée du crépuscule. Chez les Celtes c’était la fête de la fleuraison Beltène. Le muguet du premier mai en serait un vestige.  Maintenant y a-t-il eu un autel Saint-Floribert à la basilique ??? Il est fêté le 27 avril.

Cette course à l’étirement du jour s’arrête au solstice d’été qui tombe cette année le 21 juin à 5h32, moment auquel les rayons du soleil frappent le sol du tropique du Cancer perpendiculairement. Chez nous le lever reste fixe du 11 au 24 juin à 5h29. Le coucher le plus tardif est à 21h50 se maintient du 21 juin jusqu’au 30. Ceci signifie que la nuit du 24 au 25 juin nous perdons quelques instants de clarté d’où les feux de la Saint-Jean. Chez nous à la basilique se produit durant quelques jours le phénomène lumineux du matin avec le rayon solaire qui illumine le panneau de la conversion d’Hubert.

Le demi cycle solaire restant à parcourir va à l’inverse avec une décroissance qui retrouve un équilibre début aout, fête de Lugnasad chez les Celtes, époque des moissons, chez nous les rayons du soleil atteignent l’autel de Saint-Dominique le 5 aout. Nous passons l’équinoxe d’automne le 21 septembre à 21h10. En fait chez nous l’égalité nuit/jour en 2021 se produit le 25 septembre.

Et pour terminer par la dernière égalité dans le décroissement se situe entre le 23 octobre et le 13 novembre avec un méridien ou un midi à 12h21 constant. C’est l’époque d’Halloween, de la Toussaint, de la fête des morts. Chez les Celtes c’était le Samanos durant une semaine et chez nous c’est la Saint-Hubert le 3 novembre avec autrefois le rayon du soleil qui touchait l’autel de Saint-Hubert alors placé dans le grand chœur.

Dans mon fort intérieur je reste persuadé que si notre basilique possédait toujours ses vitraux originaux nous aurions un balisage parfait du cycle solaire nettement plus étoffé qu’aujourd’hui. Quelques fois j’y entrevois une trace d’un analemme démantelé… Mystère