A l’occasion des Fêtes de Wallonie, le CERCLE WALLON VESQUEVILLOIS redonne une représentation de la pièce « Je veux voir Mioussov » du Russe Valentin Kataïev, le vendredi 9 septembre à 20h00 dans la Halle aux Foires de Libramont.
« La maison de repos « Les Tournesols » reçoit, le temps d’un week-end, toute personne qui, munie d’un certificat de travail, souhaite se remettre en forme en profitant de son solarium et des ses bains à l’essence de pin. On y pratique aussi des électrochocs pour les grands nerveux. La maison a ses habitués, comme le fonctionnaire Mioussov, seul habilité à signer certains bons d’approvisionnement. Y débarque, un jour, un certain Zaïtsev, qui a besoin de sa signature pour obtenir 50 kgs de peinture blanche afin de rafraîchir les petits lits de 150 orphelins. Pour réussir à entrer, il se fait passer pour le mari de la célèbre Klava Ignatiouk, ingénieur agronome, dont la presse vante son récent Prix du Mérite Agricole. »
En 1947, Valentin Kataïev prend le risque d’écrire une pièce comique à partir de l’actualité de son pays. L’URSS sort à peine de la Seconde Guerre Mondiale, où elle a payé le prix fort de la mort de plus d’un million de soldats. Elle se retrouve aussi avec 700.000 orphelins pour lesquels il faut, dans l’urgence, construire des foyers d’accueil.
C’est, d’autre part, l’époque où culmine la pratique du goulag, avec près de 2 millions d’« internés », pour la plupart dissidents politiques, dont les plus turbulents sont traités avec des neuroleptiques et des électrochocs.
C’est, enfin, dans un régime qui impose à la masse un accès réduit aux ressources, l’usage du recours à une personne à statut plus élevé ( star, scientifique reconnu, médaillé de tout poil) fréquenté moins par snobisme que par opportunisme, pour obtenir certains privilèges, tels que l’admission à l’université, un prêt de banque ou, tout bêtement, une bonne place au cinéma.
Sans oublier le régime communiste et toute sa lourdeur administrative.
Kataïev intègre tous ses éléments à une cascade de quiproquos, digne des grandes comédies de boulevard. Devant la gravité du contexte historique, il semble que l’auteur n’ait pu s’en tenir au seul plaisir des quiproquos : il se dégage de sa pièce une impression d’étrange fantaisie, parfois plus proche de l’absurde que du comique. Mais, si ses personnages, empreints d’une douce folie, rappellent ce fond d’humanité caractéristique de l’âme russe, il ne s’en rapproche pas moins de Feydeau par sa volonté de rire de l’absurdité humaine pour ne pas en pleurer.
Quelques extraits de la pièce ci-après :